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Forums du rÔdeur et de The Prizenarnumber6 Centre d'échange sur la série "Le Prisonnier"
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Peter Smith Numéro 2
Inscrit le: 08 Jan 2009 Messages: 727 Localisation: Le Village
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Posté le: 20 Juil 2022 15:20 Sujet du message: Question |
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Batterie. Plusieurs lectures et un revisionnage me font entrevoir Le Prisonnier sous un autre angle. Oui, le fait qu’il soit individualiste et son envie d’une Liberté propre le mettent en dehors du « groupe ». Le Groupe. Le fameux Groupe. Si pour certaines personnes l’Amélioration Globale de l’Humanité passe par un encadrement général de l’ensemble de la dite-humanité, alors le N°6 ne peut pas rester en dehors du « Groupe ». Le N°6, finalement, est assis sur son trône d’Homme Libre. Face à lui tout un groupe d’individus. Le Groupe. Tous dans leurs toges, leurs uniformes, tous semblables et égaux dans leur apparence. Aucun ne se distingue l’un de l’autre. Ces derniers l’applaudissent en Batterie en rythmant ses propos par des coups frappés dans leurs mains selon une certaine cadence, marquant leur communion, lors de la prise de parole du N°6. Non pas pour couvrir ses paroles mais pour montrer leur accord envers ses propos. Une Communion Générale entre eux et avec lui. Entre eux et lui. Car dans les faits, le N°6 est le N°1 et donc l’un des leurs, si ce n’est leur chef. Leur Maitre.
Individualiste, le N°6 se pose tout en contradiction avec l’esprit de groupe, avec la solidarité que les membres d’un même réseau peuvent avoir entre eux. Que les membres d’une même Obédience. Une Obédience Spéculative. Et finalement, son Emulation le porte au plus haut Grade dans ce qui semble être le Temple du savoir, de la Sagesse. De la Communion.
Que combat le « Groupe » ? L’ignorance. Le N°6 va s’évertuer à comprendre où il est et ce qu’il lui arrive. L’Ambition. Le N°6 n’en a qu’une : Qu’on lui foute la paix. Il n’est ni contre la Solidarité, la Morale, l’Egalité et la Fraternité. Encore moins dans sa recherche de la Vérité. Et encore beaucoup moins dans celle de la Liberté. Le Fanatisme ? Le N°6 sans jamais changer d’optique garde la même ligne de conduite : Rester Libre. Libre de ses choix. Libre dans ses choix. Libre ? Mais c’est l’un des principes du Groupe. Le Groupe se dénie-il en empêchant le N°6 à être un Homme Libre ? Le Groupe comprend t-il son erreur ? Le N°6 le comprend t-il lui-même ? En ce sens le N°6 se transcende-t-il ? Le terme de Transcendance indique l'idée de dépassement ou de franchissement. C'est le caractère de ce qui est transcendant, c'est-à-dire qui est au-delà du perceptible, des possibilités de l’intelligible et de l’entendement. Le N°6 fait-il preuve de dépassement de soi en cherchant à comprendre ce qu’il lui arrive ? Ce qui lui arrive pour lui-même ? Le N°6 franchit-il un seuil de compétences intellectuelles en percevant ce qui semble être inintelligible, ce qui dépasse l’entendement ?
Au-delà de cette idée qui peut être gentillette, une parmi tant d’autres, n’y a-t-il pas autre chose derrière ? J’ai employé des mots identifiables par les Initiés, ou les autres. Ceux qui ont des Grades supérieurs. Les concepts d’Universalisme, et par la Force des choses de Pensée Globale, ne vont-ils pas à leur propre encontre par une volonté de faire plier la Masse, même doucement sur des dizaines d’années, par une douce orientation de la pensée et de la réflexion, par une Amélioration guidée et canalisée. A peine perceptible si ce n’est par ceux qui s’en donnent la peine. Tout cela étant en fait une remise en cause de la Libre Pensée ? Dans la série Le Prisonnier, PMG ne dénonce-t-il pas par le Principe Créateur la mise en place d’un Temple de l’Humanité où tout à chacun n’aurait d’autre choix que d’adhérer à ce qu’on lui propose comme quotidien…. ou pas ? Et le Ou Pas justifierait la mise en place d’une surveillance des Masses. Des Masses encore figées dans un vieux conservatisme abscons, jugé comme tel par le Groupe. Un Groupe qui se veut supérieur dans sa réflexion, dans sa transcendance. Alors pour être clair, PMG dénonce-t-il le pouvoir des Francs-Maçons sur la société ? Je vous pose la question. Prenez votre temps et dites-moi ce que vous en pensez…. Ne me parlez pas de complot et autres bêtises du même nom. Cela n’a pas d’intérêt. Ce sont les applaudissements qui m’ont fait penser à la Batterie. Quand le N°6 se rend jusqu’à la Salle du Conseil par un tunnel, la musique des Beatles ne résonne telle pas comme une Colonne d’Harmonie ? Sur le pupitre, les quelques feuilles ne symbolisent-elles pas les pages du Livre de la Loi Sacrée ?
Ne vraies questions.
Dictature de la Pensée pour certains, canalisation de la Pensée pour d’autres. Là où se trouve le paradoxe cela n’est-il pas que sous couvert d’atteindre une Liberté pour Tous, celle-ci se fait sous la contrainte. Maintenant, est-on obligé d’aimer tout le Monde ? Est-on obligé de vouloir vivre avec tout le Monde, en paix et en Harmonie telles qu’elles sont définies par un Idéal de Perfection, une Intelligence qui se veut supérieure ? D’ailleurs à penser et à croire que l’on se sent supérieur dans sa clairvoyance, n’y a-t-il pas du mépris d’autrui dans cette façon d’entrevoir un système de vie que l’on veut absolu ? Dans tous les cas, sans nuance il n'y a pas d'écoute. Se contraindre dans ses propos, au-delà de faire preuve d'intelligence, est-ce aussi faire preuve d'une certaine bienveillance vis à vis des autres ? Et d'avoir leur écoute. Mais n’est-ce pas dans un sens se mentir aussi à soi-même sur son intégrité Morale en manipulant ses interlocuteurs ? La véritable intelligence n’est-elle pas alors de savoir écouter les autres sans les juger.... et de perdre tout sens d’acuité ? De personnalité propre ? Tout cela me semble à Géométrie variable en fait. _________________ Be Seeing You |
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Arvella Numéroté
Inscrit le: 04 Sep 2007 Messages: 15
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Posté le: 20 Oct 2022 20:03 Sujet du message: |
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Patrick McGoohan, le prisonnier et le nouvel ordre mondial – par Nicolas Bonnal
Nicolas Bonnal revoit "Le Prisonnier" comme une extraordinaire anticipation de notre époque.
On sait que le Prisonnier repose sur une mutinerie : un agent de l’OTAN spécialiste de sales boulots (messy jobs) se rebelle, désire partir en voyage et se fait kidnapper. Il est retenu dans un village-prison pour espions dont il ne sort que pour comprendre que le monde est un Village (a « stage» shakespearien – voyez la fameuse tirade de Jacques) au sens club Méditerranée ou Macluhan.
“Le Danemark est une prison” (Hamlet)
Le monde apparaît comme une prison au temps de sa déchristianisation et de sa découverte. C’est le fameux passage d’Hamlet où le prince débat avec deux imbéciles qui ont leur moment d’extra-lucidité.
« Le Danemark est une prison », dit le prince vengeur et fatigué, « alors le monde en est une », lui répondent Rosencrantz et Guildenstern, les deux pions de service. On comprend que le village c’est le monde, que Londres c’est le village en caractères gras et que le désir d’évasion (par des agences de voyages ? par des compagnies aériennes ?) est un simulacre depuis longtemps. « Dans un monde unifié on ne peut s’exiler », dit Debord dans le Panégyrique. Sous le capitalisme, la réalité du temps (histoires, peuples, etc.) a disparu comme celle de l’espace. C’est comme la messe après Vatican II. On pourra avoir recours aux gnostiques, à Guénon, à Debord, au fantastique pour analyser ou pour se consoler.
Patrick McGoohan
Le producteur George Markstein avait invoqué l’opération Paperclip et son enfermement des savants Allemands après la Guerre. Pour expliquer sa série, Patrick McGoohan avoua qu’il en avait eu assez de son rôle de danger man (destination danger)…
Après quarante ans d’usage, le prisonnier est devenu pour moi une série inégale, répétitive, parfois stressante (par exemple le Général) avec ses inefficaces charcutages de cerveau. Les meilleurs épisodes sont les premiers, après tout s’essouffle. Il y a l’arrivée, les cloches de Big ben, la partie d’échecs, A, B et C qui évoque le moyen de contrôler le contrôle mental (sujet digne de Philip K. Dick à la même époque). Le marteau et l’enclume est malin aussi : comment rendre l’autorité folle en inventant un faux complot.
L’épisode avec Napoléon et sa fille amuse, qui parodie le début du hilarant Casino royale (pastiche de James Bond qui traite aussi du contrôle mental, la pire des tortures, murmure Orson Welles).
Je ne vais pas commenter mais évoquer le nouvel ordre mondial.
Le Nouvel Ordre Mondial
On trouve le dialogue suivant dans l’épisode The chimes of Big Ben (Les cloches de Big Ben). Le scénario était de Vincent Tilsley, oxonien en histoire qui avait reconnu ensuite avoir touché un point sensible : la fin de l’histoire au sens de Fukuyama/Kojève.
Voyez l’extrait en anglais http://youtu.be/fNWG1tYAocg
Je le traduis ici en français :
“– Que pensez-vous du nationalisme ?
– Cela dépend de quel côté vous êtes.
– Je suis moi-même un optimiste. Le nationalisme est une maladie, mais il nourrit ses propres anticorps. C’est pourquoi il n’importe pas de savoir qui est le numéro un. Il n’importe pas de savoir quel côté dirige le village.
– L’un des deux le dirige bien.
– Certainement. Mais les deux côtés sont en train de devenir identiques. Cet endroit a été bâti pour les pires raisons nationalistes. Mais qu’est-ce qui y a été créé ? Une communauté internationale. Un parfait blueprint pour l’ordre mondial. Quand les deux côtés se faisant face à face se rendront compte qu’ils regardent dans un miroir, ils verront le modèle du futur.
– Toute la terre sera un immense village ?
– C’est mon espoir. Le vôtre ?
– Être le premier homme sur la lune !”
Le scénariste Vincent Tilsey disais-je a reconnu avoir mis dans le mille : fin du camp communiste, avènement du nouvel ordre mondial. A l’époque Guy Debord écrivait (la société, §111) :
« …la décomposition mondiale de l’alliance de la mystification bureaucratique est, en dernière analyse, le facteur le plus défavorable pour le développement actuel de la société capitaliste. La bourgeoisie est en train de perdre l’adversaire qui la soutenait objectivement en unifiant illusoirement toute négation de l’ordre existant. Une telle division du travail spectaculaire voit sa fin quand le rôle pseudo-révolutionnaire se divise à son tour. L’élément spectaculaire de la dissolution du mouvement ouvrier va être lui-même dissous. »
Mais il manquait Guénon à Debord ; la dissolution allait être générale, mouvement et classe ouvrière y compris… Et le système rendu fou par sa victoire et mondial nous promet une apocalypse encore plus rapide – ou son simulacre…
Echec et Mat
Je donnerai un autre dialogue de mon épisode fétiche (mais pas préféré), échec et mat, où le prisonnier montre que par sa violence et ses mauvaises manières, il est considéré par le menu peuple du village (le roi…) comme un vrai dominant !
On vient de jouer aux échecs et comme on sait les équipes ont la même couleur. Numéro sept interroge agressivement un vieil homme alerte et agréable…
“– Parlons du jeu. Pourquoi les deux côtés sont semblables ?
– Les nouveaux demandent toujours cela.
– Alors ?
– Leurs dispositions. Les mouvements qu’ils font. Vous savez vite qui est pour vous ou contre vous.
– Je ne comprends pas.
– Simple psychologie. C’est la même chose dans la vie. Vous jugez par les attitudes. Les gens n’ont pas besoin d’uniformes.
– Mais pourquoi compliquer ?
– Cela garde l’esprit alerte.
– L’esprit ? A quoi ça sert ici ?
– Allons marcher”.
https://youtu.be/DeoURK_JRTg
Dialogue brillant, rythmé, elliptique mais qui nous révélait notre destin : nous les antisystèmes sommes sans couleur, de toutes les origines et nous luttons spirituellement avec des gens qui ont simplement notre credo – contre ceux qui ont décidé de lutter spirituellement aux côtés du système oligarchique, failli et belligène.
On a déjà souligné que le combat du prisonnier semble biaisé, piégeant. Omar Khayyâm nous avait prévenus il y a mille ans sur ces grandes guerres feintes (quatrain CIII) :
« Voici la seule vérité. Nous sommes les pions de la mystérieuse partie d’échecs jouée par Allah. Il nous déplace, nous arrête, nous pousse encore, puis nous lance, un à un, dans la boîte du néant. »
Ps : dans l’épisode La Ville fantôme (Colony Three) de Destination danger, les soviétiques créent chez eux une ville imaginaire où l’on devient anglais. Les nations et leur géographie étant des illusions programmées, il est facile, explique-t-on à John Drake, de fabriquer un Anglais. Le Grand Remplacement sera donc très rapide.
https://youtu.be/hrtiQNfw8TE |
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